MISE EN SOUTERRAIN DE QUATRE LIGNES ÉLECTRIQUES DE 225 000 VOLTS - <p>© Spie batignolles fondations</p>
19/07/2021

MISE EN SOUTERRAIN DE QUATRE LIGNES ÉLECTRIQUES DE 225 000 VOLTS


RTE, le Réseau de transport d’électricité, met en souterrain quatre lignes électriques de 225 000 volts surplombant les
communes de Saint-Denis, l’Île-Saint-Denis et Villeneuve-la-Garenne. D’ici 2024, 15 kilomètres de lignes et 27 pylônes
seront retirés, permettant de libérer près de 81 hectares de terrain pour créer de nouveaux aménagements et accueillir les futures installations olympiques. Pour cela, une galerie souterraine de 2,5 kilomètres est construite courant 2021 à Saint-Denis après la réalisation de puits permettant de faire descendre et remonter le tunnelier.

Ce projet d’envergure se situe dans une zone très urbanisée, contrainte par plusieurs infrastructures ferroviaires et fluviales, et sur laquelle de nombreux travaux auront lieu d’ici 2024. Il concerne
des lignes déterminantes pour l’alimentation électrique du nord-est de Paris, desservant l’équivalent
de 800 000 foyers, la gare du Nord et la ligne 13 du métro parisien.
Pour répondre à tous ces enjeux, RTE a retenu une solution technique sur mesure et exceptionnelle pour un gestionnaire de réseau : la création d’un tunnel à 40 m de profondeur pour faire passer les nouvelles lignes. Pour la création de ce tunnel, RTE s’appuie sur l’expertise d’Arcadis en tant
qu’assistant maître d’ouvrage, ainsi que sur un groupement d’entreprises composé de Spie batignolles génie civil (mandataire), Spie batignolles fondations, Setec et SPAC.
Ce projet d’un montant de 89 M€ est cofinancé par la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), la métropole du Grand Paris, la commune de Villeneuve-la-Garenne et RTE. Il permettra
ainsi de libérer 81 ha de terrain au service des projets d’aménagement du territoire.
« En effet, ces 81 ha – soit l’équivalent de 115 terrains de football – libérés par les pylônes vont permettre de valoriser du foncier sur les territoires des communes existantes, c’est-à-dire Saint-Denis, l’Île-Saint-Denis et Villeneuve-la-Garenne, par des projets urbains de logements de commerces
d’activité et cela permettra également de libérer de l’espace disponible pour l’implantation du futur village des athlètes pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024 », explique Benoît
Facq, manager de projet service liaisons souterraines pour RTE.

 

QUATRE ANS DE TRAVAUX


Les travaux, démarrés en 2020, ont consisté dans un premier temps au creusement de deux puits de 50 et 20 m de profondeur permettant au tunnelier de descendre et de remonter. Cette phase a nécessité la mise en oeuvre de différentes techniques de fondations spéciales comme des parois moulées et des injections à grande profondeur. Le premier ouvrage, de forme elliptique et servant de puits d’entrée au tunnelier, a été réalisé en 2020, à côté du poste électrique RTE dénommé « Seine ».
Il a nécessité 54 forages d’injections préalables de traitement de terrain, soit 3 200 m de forage. Les parois moulées sont composées de 8 grands panneaux de béton de 63 m de profondeur en 1,04 m d’épaisseur. Pour la réalisation des parois moulées, Spie batignolles fondations a mis en oeuvre ses deux pelles à câbles. L’une est équipée de la puissante Rotoforeuse© XL, une fraise développée par Spie batignolles fondations permettant des forages jusqu’à 1 500 mm sur de grandes profondeurs (jusqu’à 70 m). Le moteur de 708 kW et les pompes largement dimensionnées de la 6140HD
alimentent les deux roues de coupe de cet impressionnant outil et les circuits de circulation des boues de forage. L’autre porteur est équipé d’une benne à parois de forte capacité.

Afin de maîtriser les débits d’exhaure et d’assurer la stabilité du fond de fouille du puits Seine, un bouchon injecté a été réalisé en base de paroi sur une hauteur de 5 m, dans la couche de calcaire
grossier située entre 57 et 62 m de profondeur. Deux foreuses équipées de tête vibrante, une Soilmec SM18 et une Casagrande C8XP de Spie batignolles fondations, ont permis de forer depuis la surface selon un maillage de 1,50 x 1,50 m.
Le passage du tunnelier dans les marnes et caillasses sera privilégié pour s’assurer du respect d’une cadence soutenue, alors que le passage dans les sables de Beauchamp sera limité à son strict minimum. La galerie étant située sous la nappe phréatique, des travaux d’étanchéité particulièrement pointus sont nécessaires. Aussi, à l’entrée du tunnelier, un bouchon d’injections a été réalisé à l’aide de 79 forages, soit 4 000 ml, pour garantir l’absence de pression sur la partie en terre et stabiliser celle-ci. Le second puits de forme circulaire, situé près du fort de la Briche et nommé « puits Briche », a également vu ses travaux s’achever en 2020. 40 forages d’injections préalables ont été réalisés,
soit 1 100 m de forage. Les parois moulées, forées à la benne, sont composées de 8 grands panneaux de béton de 27 m de profondeur en 0,62 m d’épaisseur. Construit à proximité immédiate de lignes électriques aériennes et enterrées, cet ouvrage a nécessité des modes opératoires très spécifiques, notamment avec l’utilisation d’une grue mobile à flèche télescopique équipée d’un mur virtuel, et la présence de chefs de manoeuvre pour tous les mouvements d’engins.
À partir de juin 2021, le tunnelier à pression de boue passe à la phase de creusement d’une galerie technique de 2,5 km de longueur et de 3 m de diamètre intérieur, utile pour relier les deux puits. Il posera des anneaux contenant 6 voussoirs préfabriqués.
Une fois la galerie souterraine construite, commenceront en 2022 l’installation des 4 lignes électriques et leur raccordement au réseau existant. Le déroulage de câbles et l’installation d’équipements
spécifiques pour assurer le fonctionnement et l’entretien de la future galerie.
En 2023, les pylônes situés à proximité du futur village des athlètes seront supprimés pour permettre la construction des infrastructures avant 2024. « En effet sur les 27 pylônes à supprimer, 4 sont situés sur l’emprise des futures installations du village des athlètes à Saint-Denis et sur l’Île-Saint-Denis », détaille Benoît Facq, manager de projet service liaisons souterraines pour RTE. En 2024 s’ensuivra la dépose des portées et des pylônes restants.

 

MARINAGE HYDRAULIQUE POUR L’ÉVACUATION DES DÉBLAIS


La problématique de l’évacuation des matériaux sur cette opération revêt une telle importance sur le plan logistique, environnemental et économique que l’installation d’un système de marinage
hydraulique, c’est-à-dire à l’aide de tuyaux, a été retenue.
En effet, contrairement aux tunnels du futur métro du Grand Paris, ceux prévus pour accueillir les lignes électriques sont particulièrement étroits.
Le creusement de puits très profonds, mais surtout de petit diamètre, ne permet donc pas d’évacuer les déblais de façon classique, en raison du peu d’espace disponible et du temps que cela générerait sur le planning des travaux. En effet, l’enjeu délai de ce chantier est fort, car il doit être livré fin 2023 avant les JO de 2024.
Sur le volet environnemental, les membres du groupement ont donc proposé une valorisation des déblais allant jusqu’à 75 % du volume total de terrain rencontré. Ceux-ci seront dévolus au comblement de carrières et à des travaux d’aménagements paysagers.


Aude Moutarlier