ARSCOP : LE PROJET NATIONAL DE RECHERCHE MOBILISE L'INGÉNIERIE GÉOTECHNIQUE AUTOUR DU PRESSIOMÈTRE
01/11/2016

ARSCOP : LE PROJET NATIONAL DE RECHERCHE MOBILISE L'INGÉNIERIE GÉOTECHNIQUE AUTOUR DU PRESSIOMÈTRE


Un atelier d’autoforage.

Les projets nationaux1 de recherche expérimentale en génie
civil, depuis le premier d’entre eux, Clouterre, de 1980 à 1985, portent et accompagnent la qualité du génie civil français, et tiennent un grand rôle dans le succès à l’international de nos grands groupes de génie civil, entreprises et maîtres d’oeuvre.

Sur plus de trente « PN », gérés avec l’expertise reconnue de l’Irex (Institut de recherche expérimentale en génie civil), sept ont été consacrés à un des domaines de la géotechnique, avec, à chaque fois une
progression marquée dans un domaine des travaux dans le sol.
Rappelons les retombées importantes de quelques-uns d’entre eux pour les entreprises de fondations
spéciales :

CLOUTERRE Technique du clouage des sols en soutènement.
FOREVER Technique des groupes et réseaux de micropieux
VIBROFONÇAGE Vibrage des pieux et des palplanches.
ASIRI Amélioration des sols de fondation par inclusions rigides
SOLCYP Comportement des pieux sous charges cycliques

Ces termes et acronymes sont devenus familiers dans le monde des sols et des fondations, les
recommandations, venant en conclusion de la recherche, ayant aussitôt trouvé des applications
industrielles, apporté des solutions fiables et économiques aux projets de construction. Surtout, elles présentent le grand intérêt de documents pratiques, pédagogiques, abondamment illustrés, loin de la
froideur grise et sclérosante de certains documents normatifs, et permettent aux constructeurs de
garder le sens de l’audace.

 

UN PROJET NATIONAL SUR UN FLEURON NATIONAL DE LA GÉOTECHNIQUE FRANÇAISE

 

Le 11 mai 2016, dans un amphithéâtre de la FNTP, l’assemblée constitutive d’Arscop a marqué la
période de lancement du premier projet national dans le domaine de la géotechnique, dont l’objet sera non pas le renouveau et la consolidation d’une technique de fondation, mais celui d’un des outils majeurs de la reconnaissance géotechnique en France, le pressiomètre : nouvelles Approches de Reconnaissance des Sols et de Conception des Ouvrages géotechniques avec le Pressiomètre (ARSCOP).
L’idée du projet est certainement née en 2005, lors du symposium Pressio 2005, ou de son nom anglais ISP5 (5e Symposium international sur le pressiomètre) dans les locaux modernes de l’École
nationale des ponts et chaussées, à Marne-la-Vallée. Jean-Pierre Baud se souvient : « Le nombre de participants de toutes les nations à ce symposium, deux ou trois fois plus important que lors des précédents colloques, leur mobilisation lors de discussions passionnées sur la pratique du pressiomètre avaient marqué les géotechniciens français.» Les ingénieurs passionnés de pressiométrie dans le monde sont très souvent également de grands francophiles, et venir débattre à Paris était certainement une motivation. Mais aussi l’occasion de nous dire à quel point nous étions un peu coupables de garder chez nous une méthode de reconnaissance géotechnique aussi performante, et de ne pas suffisamment la vulgariser et la rendre accessible à tous les géotechniciens dans le monde.
Parce que le pressiomètre est bien un paradoxe français : inventé et breveté par Louis Ménard en 1955, avant même sa dernière année de formation d’ingénieur civil des Ponts et Chaussées, le prototype a été testé d’abord aux États-Unis pendant une formation « post-diplôme », où Ménard décrit les premières retombées et la théorie de son instrument de mesure dans un mémoire de thèse toujours lu et cité par les anglophones.

Fondant à 25 ans de retour à Paris « Les Pressiomètres Louis Ménard », à la fois bureau d’études
géotechniques, fabricant de ses outils de reconnaissance, centre de recherche appliquée, éditeur de la revue internationale Sols-Soils, et entreprise de travaux spéciaux, observé par un scepticisme bien français, mais avec le soutien d’un réseau de disciples inconditionnels, Louis Ménard aura créé moins de dix ans plus tard un outil formidable, au sens étymologique, qui inquiète les utilisateurs d’outils et de méthodes géotechniques traditionnels et antérieurs. Des outils que nous savons aujourd’hui complémentaires plus que concurrents.
En 1978, l’année du décès de l’inventeur, le livre The Pressuremeter de François Baguelin, directeur de la géotechnique au laboratoire central des Ponts et Chaussées, est publié en anglais. Il marque l’implication du réseau géotechnique d’État, qui développe depuis de longues années la recherche autour du pressiomètre, avec l’invention du concept du « pressiomètre autoforeur », toujours avec le même paradoxe, exprimé dans l’avant-propos : « Can 50 million Frenchmen be wrong ? » – Les ingénieurs français auraient-ils tort de fonder leurs ouvrages sur la méthode pressiométrique ? Non bien sûr quand les milliers d’ouvrages d’art des Trente Glorieuses, du développement du réseau routier, autoroutier et ferroviaire sont toujours en service sans aucun désordre de fondation.
Quarante ans après la parution de ce livre, épuisé mais lui aussi toujours cité, soixante ans après le premier essai pressiométrique, la situation a bien changé, certes ! La littérature sur le pressiomètre est abondante, plus encore en anglais qu’en français, les pressiomètres Ménard de fabrication française se vendent en plus grand nombre au-delà de nos frontières qu’en France, la méthode pressiométrique, grâce à l’action décisive des ingénieurs du réseau des Ponts, Cerema et Ifsttar, est en bonne place dans les Eurocodes. Mais les entreprises de génie civil françaises qui s’exportent sur de magnifiques projets d’ouvrages d’art, d’immeubles de grande hauteur, de travaux souterrains, trouvent le plus souvent des reconnaissances dont le pressiomètre est absent, et ont du mal à trouver sur place – voire à imposer – une reconnaissance pressiométrique de qualité leur permettant d’opti-
miser des variantes de fondation qui souvent vont faire la différence dans un appel d’offres.

 

LES RETOMBÉES DU PROJET NATIONAL ARSCOP POUR LE BTP

 

« Le résultat du projet national Arscop, c’est ce qu’en feront les géotechniciens des entreprises, des bureaux d’études et des grandes écoles du domaine », souligne Thomas Simonnot, énumérant les trois axes du projet résumés dans le tableau ci-dessus.
Tous visent des objectifs d’actualité :

  • moderniser et améliorer l’utilisation du pressiomètre dans les entreprises de reconnaissance ;
  • consolider la fiabilité et la pertinence économique des nombreuses campagnes de reconnaissance faites avec une utilisation abondante des forages pressiométriques, souvent profonds dans les grands projets d’infrastructure : Grand Paris, LGV, parcs éoliens
    notamment en mer, tours de grande hauteur, tunnels et réseaux souterrains ;
  • développer des lois de comportement, procédures et matériels d’essais qui apportent de nouveaux paramètres géomécaniques demandés par l’évolution des modélisations numériques et la maîtrise des moindres déplacements des ouvrages, de leur construction parasismique.
  • créer une dynamique de diffusion, et développer l’exportation de l’ingénierie pressiométrique et l’accompagnement du génie civil français dans la construction internationale.

Les bureaux d’études géotechniques sont appelés en nombre à rejoindre rapidement les travaux de recherche, dont la mise en place à d’ores et déjà commencé. Venez nombreux ! Si vous avez des idées de brevets révolutionnaires sur le pressiomètre, vous serez entendus ! Et si vous n’en avez
pas en tête, vous en aurez très rapidement !
Les grands groupes de BTP l’ont déjà fait, souvent par leurs filiales de travaux spéciaux, mais aussi
au niveau des départements de grands travaux, France et international.
Un projet national de recherche en génie civil fonctionne sur le principe d’une cotisation des sociétés et organismes membres, et d’une participation en nature aux travaux de tests comparatifs, de construction de manipulations scientifiques, de mise à disposition de chantiers qui correspondent aux objectifs, et de commandes internes sur des sujets spécifiques, gérées par l’Irex. Sur le site internet
du projet (www.arscop.fr), vous trouverez plus de détails sur le fonctionnement d’Arscop et le cadre des projets nationaux, la cotisation modulée en fonction des chiffres d’affaires, donc adaptée à toutes les tailles d’entreprises et de bureaux d’études. Vous y trouverez enfin la charte d’adhésion au projet.

 

Jean-Pierre Baud, Eurogéo
Thomas Simonnot, Accotec
Délégués de l’Union syndicale
géotechnique pour Arscop