DES ENQUÊTES AU SERVICE DE LA PROMOTION DE L'INGÉNIERIE GÉOTECHNIQUE - <p>François Depardon.</p>
01/04/2019

DES ENQUÊTES AU SERVICE DE LA PROMOTION DE L'INGÉNIERIE GÉOTECHNIQUE


(Fig 2) Questions sur la place de la géotechnique dans les projets de construction.
(Fig. 3) Pourcentage de réalisation des missions géotechniques selon les étapes du projet.

(Fig 4) Degré général de satisfaction des prestations géotechniques (moyenne sur l’ensemble des critères).
Lors de la célébration des 70 ans du CFMS.

Le Comité français de mécanique des sols et de géotechnique (CFMS) est une association professionnelle dynamique, dont l’un des objets est la promotion de l’ingénierie géotechnique. Il s’intéresse à ce titre à la notoriété de cette discipline, en particulier dans le cadre des relations entre le monde de la géotechnique et le monde professionnel des acteurs de la construction d’une part, et le monde de l’enseignement d’autre part. Le CFMS dévoile ainsi les premiers résultats d’une enquête lancée sur la notoriété de la géotechnique et auprès des enseignants.

Partant du constat que l’ingénierie géotechnique n’a pas toujours une place satisfaisante dans l’acte de construire, le CFMS a créé en 2015 un groupe de travail chargé d’établir un diagnostic de la situation, d’analyser les différentes problématiques identifiées et de proposer des actions adaptées. Ce groupe de travail réunit des représentants du CFMS issus de bureaux d’études, d’ingénieries, d’entreprises, de bureaux de contrôle, de l’enseignement et de la recherche, et de laboratoires, ainsi que des représentants de l’USG (Union syndicale géotechnique) et du bureau géotechnique

de Syntec Ingénierie.
Deux axes de réflexion principaux structurent les travaux du groupe :

  • Comment (re)valoriser la place de l’ingénierie géotechnique au sein des professionnels de la construction ?
  • Comment attirer et bien former les jeunes vers le métier de géotechnicien dans les cursus universitaires ?

Afin de préciser le diagnostic de la situation actuelle, deux enquêtes ont été lancées au cours de l’été 2018, l’une auprès des enseignants, l’autre auprès des professionnels de la construction. Ces enquêtes, sous forme de questionnaires mis en ligne sur internet et accessibles à tous, ont pour objet de mieux cerner la perception qu’ont nos interlocuteurs de notre profession, leurs attentes dans le domaine de la géotechnique en matière de compétences et de services, les formations disponibles, et les débouchés en termes d’emplois.
Les premiers résultats de ces enquêtes, dévoilés au cours de la journée de célébration des
70 ans du CFMS (le 4 octobre 2018), apportent des enseignements intéressants. Ils feront l’objet d’une analyse plus approfondie dans les mois à venir.

 

L’ENQUÊTE AUPRÈS DES PROFESSIONNELS DE LA CONSTRUCTION


L’enquête « auprès des professionnels » s’adresse aux acteurs de la construction pour recueillir leur perception de l’ingénierie géotechnique et identifier leurs attentes spécifiques. Cette enquête permettra de définir des actions pour mieux faire connaître la profession géotechnique, et pour mieux répondre aux attentes spécifiques des parties prenantes vis-à-vis des enjeux, non seulement techniques mais aussi financiers, environnementaux et sociétaux.
378 réponses ont été enregistrées puis analysées, dont 66 % sont issus de « non-géotechniciens » (c’est-à-dire de sociétés dont l’activité principale n’est pas la géotechnique). Ces réponses ont été fournies par des acteurs diversifiés du monde de la construction : maîtres d’ouvrages, ingénieries et maîtrises d’oeuvre, architectes, entreprises, contrôleurs techniques, experts, juristes.
Ces acteurs appartiennent à tous les secteurs économiques de la construction, comme l’illustre le tableau. (Fig. 1) :

 

LA PLACE DE LA GÉOTECHNIQUE DANS LES PROJETS


Les résultats montrent que, pour les répondants, la géotechnique est une composante de la plupart de leurs projets, et que la norme sur les missions géotechniques
(NF P 94-500), ou à tout le moins son existence, est maintenant relativement bien connue.
De plus, il est acquis pour tous que les aléas géotechniques, ou de « mauvaises » études, peuvent conduire à des risques majeurs pour leur projet en termes de coûts, délais ou qualité. (Fig. 2).
Les études géotechniques sont plutôt bien conduites en phase de conception (mission G2 avant-projet et G2 projet), à hauteur de 70 % environ. Par contre, ce pourcentage tombe à moins de
50 % pour les phases de réalisation (missions G3 Exécution et G4 suivi d’exécution). (Fig. 3).

 

LES ATTENTES DES ACTEURS DE LA CONSTRUCTION EN MATIÈRE D’INGÉNIERIE GÉOTECHNIQUE


Les principales raisons qui conduisent les acteurs à recourir à l’ingénierie géotechnique sont les suivantes :
1. la conception des ouvrages/garantie technique (81 %) ;
2. la maîtrise des risques liés au sol (sur les coûts, délais, et la qualité des ouvrages) (80 %) ;
3. la fourniture des paramètres de sols aux constructeurs (73 %).
De nombreuses autres attentes sont exprimées et feront l’objet d’une analyse approfondie. On peut noter entre autres : l’impact du projet sur les avoisinants/ouvrages existants, l’optimisation des coûts des projets et l’étude de solution variantes, les conseils en gestion des eaux souterraines.
Il est demandé plus de rigueur sur la gestion des investigations de terrain et la fiabilité des données qui servent à la conception et au dimensionnement des ouvrages. Il est enfin attendu que l’ingénierie géotechnique soit force de proposition pour concevoir des projets adaptés aux contraintes géotechniques mises en évidence par les investigations.

 

LE CHOIX DES PRESTATAIRES EN INGÉNIERIE GÉOTECHNIQUE

 

Les critères principaux retenus par ceux qui ont répondu à l’enquête pour choisir leurs prestataires sont les suivants :

  • 3 paramètres à égalité (76 %) : la notoriété du prestataire (confiance), la qualification et les
    compétences techniques du personnel, la réactivité et disponibilité ;
  • ensuite (à 66 %), le prix ;
  • et les moins importants : la taille de la société (17 %) et les certificats de qualification (40 %).

Les principales compétences requises pour assurer une bonne ingénierie géotechnique et attendues par les répondants sont les disciplines de base (mécanique des sols/roches, géologie, hydrogéologie), et l’ingénierie de conception et dimensionnement des ouvrages géotechniques. Les attentes portent également sur une bonne connaissance des technologies de sondage et d’essais et des procédés de construction des entreprises spécialisées. Enfin, il est également demandé des capacités d’écoute, de réactivité et de communication.

 

UNE INGÉNIERIE GÉOTECHNIQUE RECONNUE, MAIS QUI A DES MARGES DE PROGRÈS


À la question « Quel est votre degré de satisfaction vis-à-vis de l’ingénierie géotechnique sur une échelle de 1 à 4 ? », les réponses sont variables selon les critères d’appréciation. (Fig. 4).
Sur les avis exprimés en moyenne sur tous les critères, 62 % de ceux qui ont répondu à cette question indiquent une note de 3 ou 4 (sur une échelle de 1 à 4). Les résultats les meilleurs portent sur les critères de qualité technique ou de réponse aux besoins. Un complément d’étude est nécessaire pour analyser les nombreux avis émis sous forme verbatim, et notamment de propositions pour améliorer la situation.
Enfin, une partie de l’enquête portait sur la connaissance des organisations professionnelles (CFMS, USG, Syntec, CFGI, CFMR et autres) : les réponses illustrent un déficit de notoriété de nos associations et syndicats, et donc un besoin de communiquer davantage.

 

UNE ENQUÊTE AUPRÈS DES ENSEIGNANTS POUR UNE MEILLEURE CARTOGRAPHIE
DES ENSEIGNEMENTS DE LA GÉOTECHNIQUE


Une phase préliminaire de diagnostic avait permis au préalable d’établir un inventaire complet des formations géotechniques en France (en distinguant les formations qui abordent la géotechnique pendant quelques heures de celles qui dispensent un enseignement spécialisé).
L’enquête actuelle auprès du corps enseignant permet de préciser cette cartographie et la perception qu’ont les enseignants de notre profession, de ses débouchés en matière d’emplois, et des évolutions qu’ils jugent nécessaires en termes de compétences enseignées et de méthodes d’enseignement pour répondre au mieux à la fois aux besoins de la profession et aux attentes des étudiants.
52 réponses ont été enregistrées à fin septembre 2018, dont 31 issues d’écoles d’ingénieurs, 7 d’universités (licences, master 2), 7 d’IUT (DUT), et 7 de lycées (BTS) ; ces réponses sont en encore en cours d’analyse. Les questions posées portent sur la typologie des formations proposées : généraliste, génie civil, géotechnique, géologie, sous forme d’enseignements en tronc commun ou en options. Les diplômes délivrés vont du BTS au doctorat en passant par les licences professionnelles, les masters, les diplômes d’ingénieurs. Les offres de formation sont réparties en enseignement général, géotechnique, ou encore en conception des ouvrages. L’analyse porte également sur les débouchés par secteurs d’activité et types d’entreprises. D’autre part, les demandes des établissements concernant les relations avec les entreprises – stages, cours, visites de chantier – seront détaillées pour permettre la mise en place d’actions d’amélioration.
En conclusion, les premiers résultats des deux enquêtes fournissent une grande quantité d’informations qu’il convient d’analyser plus en détail dans une deuxième étape. Ils délivrent des signes positifs sur la prise en compte de la géotechnique dans les projets. Ils identifient des attentes spécifiques et des points de vigilance pour améliorer la perception des activités d’ingénierie géotechnique par les divers acteurs de la construction. Ils nous permettront d’améliorer notre notoriété et de renforcer les relations entre le monde enseignant et le monde professionnel. Des mesures de communication seront proposées pour mieux illustrer ce que l’ingénierie géotechnique peut apporter aux projets et à la société en général.
Ces enquêtes ont été réalisées grâce à la participation des membres du groupe de travail du CFMS sur la promotion de la géotechnique. Qu’ils en soient ici remerciés, et particulièrement Yvon

Delerablée pour l’aide au dépouillement des résultats.

 

François Depardon
 Egis, animateur du groupe detravail du CFMS sur la promotion de la géotechnique