LOT T3C : GARE DE BAGNEUX CAP TRAVAILLE EN (GRANDE) PROFONDEUR
01/06/2018

LOT T3C : GARE DE BAGNEUX CAP TRAVAILLE EN (GRANDE) PROFONDEUR


La profondeur de la paroi moulée nécessite la mise en oeuvre de moyens matériels de grande dimension. La fraise fore la majorité des 60 mde paroi moulée.
Des sondages préliminaires sont réalisés afin de prélever des carottes qui,après analyses, autorisent une caractérisation précise de la pollution des sols.Ces études permettent ainsi d’affecter les déblais de forage dans différents centresde retraitement.
Exécuté entre constructions et voies decirculation, le chantier de la gare deBagneux oblige les machines de paroismoulées à évoluer dans des périmètresrestreints.
La fraise, ici en position de nettoyage, est préférée à la benne à câbledans les terrains durs. La paroi moulée traverse, notamment, des calcaires
Les parois moulées sont équipées de cages d’armature préassemblées surle chantier et mises en place par sections de 30 m.
Trémie de centrale à coulis, silo debentonite et cuves à boues cohabitentsur un périmètre réduit.

Pour fonder la future gare de la ligne 15 sud du Grand Paris Express, enterrée à près de 40 m sous terre, CAP, groupement de six entreprises de Vinci Construction et de Spie Batignolles, réalise des parois moulées de 60 m de profondeur. Des travaux précédés par une importante campagne d’injections de comblement des anciennes carrières souterraines de Bagneux, qui suivent un planning en trois phases, dicté par l’obligation de préserver les voies de circulation.

La gare de Bagneux partage avec les 4 autres gares du lot T3C* l’exigence de fondations profondes et le déroulement dans un contexte urbain dense. Mais ici, la contrainte environnementale a été l’élément déterminant de l’élaboration du planning des travaux. La future gare de la ligne 15 sud est en effet construite en partie sous les avenues Louis-Pasteur et Henri-Barbusse, dont le trafic ne peut être interrompu durablement. Afin de laisser toujours au moins l’une de ces deux artères en circulation, comme le stipule le cahier des charges de la Société du Grand Paris, le groupement d’entreprises a imaginé un phasage du chantier en 3 étapes.

 

UN PHASAGE COMPLEXE


Après la fermeture partielle de l’avenue Louis-Pasteur, les équipes de CAP interviendront d’abord sur une zone 1 (la plus importante, située en partie centrale de l’enceinte) ; puis, la remise en service de l’avenue Louis-Pasteur permettra à son tour la fermeture de l’avenue Henri-Barbusse, en zone 2, sise à l’extrémité nord-ouest ; pour conclure par la zone 3, à l’extrémité sud-est de l’emprise, délimitée par la rue de Verdun. Les machines de fondations spéciales ont donc l’impossibilité d’intervenir de façon continue pour réaliser les parois moulées sur un linéaire de près de 275 m de longueur, ce qui n’est évidemment pas de nature à favoriser la progression du chantier. Et la construction de la gare de Bagneux se heurte à un autre écueil, souterrain celui-là : la présence d’anciennes carrières exploitées jusqu’à 30 m de profondeur.

 

35 KILOMÈTRES DE FORAGES POUR LES INJECTIONS DE COMBLEMENT


Les sondages préliminaires ont mis en évidence la présence d’anciennes carrières souterraines sur la commune de Bagneux, en plusieurs points singuliers de la ligne 15 sud. La gare de Bagneux fait partie des endroits où s’imposait la nécessité de conforter le terrain avant toute autre intervention. Le montage de la centrale à coulis a donc été l’une des premières opérations à réaliser lors de l’installation du chantier, en mars 2017. Les premiers forages et les premières injections gravitaires de coulis ont débuté dès mai 2017. Et, à la mi-mars 2018, les équipes avaient injecté plus de 4 000 m3 de coulis à base de sablon et de ciment pour combler les poches de vide. Afin de mettre en place les tubes d’injection en PVC, 2 ateliers de forage sont déployés simultanément sur le chantier, en moyenne. Forant jusqu’à une profondeur maximale de 30 m, les équipes de forages d’injection intervenaient, à mi-mars 2018, sur la zone 2 et cumulaient déjà près de 20 km de forage, soit plus de la moitié des 35 km de forage prévus au total.
En parallèle, l’atelier de parois moulées battait son plein dans la zone 1.

 

16 500 M2 DE PAROIS MOULÉES À RÉALISER


« D’ici mars 2019, date de l’achèvement des travaux de fondations spéciales, nous devons exécuter 16 500 m2 de parois moulées d’une épaisseur de 1,20 m, pour offrir une enceinte étanche aux travaux de terrassement et de gros oeuvre. En d’autres termes, cela représente près de 20 000 m3 de forage et de bétonnage », souligne Stéphane Gilbert, responsable des travaux spéciaux de la gare de Bagneux pour le groupement CAP. Les travaux suivent un déroulement classique. Après construction de murettes guides en béton assurant le guidage des outils de forages, le creusement est effectué par une fraise et une benne à câble qui opèrent à tour de rôle en fonction de la nature des terrains. Les forages se déroulent sous boue bentonitique afin de stabiliser le panneau de 7,50 m de largeur avant son bétonnage. S’ensuit la mise en place des cages d’armature. Et enfin le coulage du béton par tube plongeur en fond d’excavation afin de refouler en surface la boue bentonitique. Après traitement, celle-ci pourra être réinjectée dans le cycle.
Du classique, donc, si l’on fait abstraction des dimensions des ouvrages. En effet, la paroi moulée
se fonde à 60 m, une profondeur pour le moins hors du commun, atteinte en plusieurs passes de
coulage et après des forages en 3 étapes. La fraise intervient en premier lieu dans des Marnes et
Caillasses et des calcaires ; un terrain dur auquel ses roues et ses dents de forages sont particulièrement bien adaptées. À 40 m de profondeur, en moyenne, la paroi doit traverser une couche de terrains argileux pour laquelle la benne à câble prend le relais. À - 50 m environ, le profil géologique change encore et la benne à câble cède de nouveau la place à la fraise qui creuse les 10 derniers mètres dans les marnes de Meudon.

 

DES MOYENS MATÉRIELS À LA HAUTEUR


Les équipements mis en oeuvre sont à la mesure du chantier de parois moulées. Botte Fondations et Spie Fondations ont d’ailleurs mis en commun leurs ressources, se procurant à l’occasion des chantiers CAP du lot T3C des matériels haut de gamme de grande capacité. Sur le chantier de la gare de Bagneux, Botte Fondations s’est dotée d’une fraise montée sur un porteur Bauer MC96 équipée
d’une flèche de 47 m. Tandis que Spie Batignolles mettait en service sur le chantier une benne à câble
montée sur un porteur Liebherr HS 8100 HD, ayant une capacité de levage maximale de 100 t. Mais
c’est la grue à flèche treillis, louée à l’entreprise Sarens, qui culmine sur la gare du haut de ses 70 m de longueur de flèche. Cette grue de 200 t de capacité maximale sert à la pose des cages d’armature
dans les panneaux de la paroi moulée. Les cages sont préassemblées in situ sur une longueur de 30 m, levées et mises en place dans la fouille. Une 2e section de cage de 30 m est alors liaisonnée
pour compléter l’équipement de la paroi moulée sur la totalité des 60 m de profondeur. L’importance
des parois moulées induit des installations fixes qui sont, elles aussi, de grande capacité. Ainsi, pour
stocker les boues de creusement, le groupement d’entreprises CAP a installé sur le chantier 3 cuves de 650 m3 de capacité unitaire. « Ce volume correspond simplement à celui nécessaire à la réalisation
d’un panneau de paroi moulée de 7,50 m de largeur, pour une épaisseur de 1,20 m et 60 m de profondeur. Et comme nous menons plusieurs ateliers en parallèle, nous avions besoin de 3 cuves de
stockage. Les installations sont à la mesure des forages à exécuter », relève Stéphane Gilbert.

 

TRI SÉLECTIF DES DÉBLAIS DE FORAGE

 

La station de dessablage des boues procure pour sa part des rendements nominaux de 550 m3/h.
Concrètement cela se traduit par un débit opérationnel proche de 400 m3/h, qui correspond à celui
injecté durant le creusement de la paroi. En sortie de station de dessablage, les déblais récupérés sont dirigés vers des stocks différents en fonction de la présence ou non de pollution. Conformément au souhait du maître d’ouvrage qui veut faire du Grand Paris Express un chantier exemplaire en matière environnementale, CAP a apporté un grand soin à ne pas remettre en circulation de terres polluées. « Une campagne de sondages préliminaires aux travaux de parois moulées est systématiquement effectuée. Les carottages exécutés ont, après analyse, révélé la trace de pollutions naturelles, notamment de fluor. Sur la base de ces données, nous avons pu classifier la qualité des sols en fonction des zones et des profondeurs. Nous avons établi un graphique avec des codes couleur pour que les opérateurs aient un référant visuel simple à utiliser pour chaque panneau », explique Stéphane Gilbert, responsable des travaux spéciaux de la gare de Bagneux pour le groupement d’entreprises. Ainsi caractérisés, les déblais de forage sont triés selon leur degré de
pollution pour être ensuite dirigés vers des centres de traitement spécifiques.

 

Philippe Morelli