PROLONGEMENT DE LA LIGNE 14 : L'ÉPINE DORSALE DU GRAND PARIS EXPRESS
01/06/2018

PROLONGEMENT DE LA LIGNE 14 : L'ÉPINE DORSALE DU GRAND PARIS EXPRESS




Chevilly-Trois-Communes Parvis.

Dans la longue liste des travaux du Grand Paris Express (GPE), le prolongement de la ligne 14 est une étape-clé. Au sud, cette ligne prolongée jusqu’à l’aéroport d’Orly de
14 kilomètres en souterrain bénéficiera à plus de 260 000 habitants de Paris, du Val-de-Marne et de l’Essonne, et, dès sa mise en service en 2024, elle offrira des correspondances avec la ligne 7 du métro, le RER C, le tramway T7, et avec les lignes 15 sud et 18.

S’étendant aujourd’hui sur 8,6 km, d’Olympiades à Saint-Lazare, elle sera aussi prolongée de 8 km au nord jusqu’à Saint-Denis-Pleyel. Au nord, entre Saint-Lazare et Mairie de Saint-Ouen le prolongement est sous maîtrise d’ouvrage conjointe de la RATP et d’Ile-de-France Mobilités. Entre Mairie de Saint-Ouen et Saint-Denis-Pleyel c’est la Société du Grand Paris (SGP) qui en assure la maîtrise d’ouvrage ; au sud, la ligne 14 est prolongée par la RATP dans le cadre d’un transfert temporaire de maîtrise d’ouvrage de la SGP. Rencontre avec Florent Nicolas, 38 ans, en charge du prolongement de la ligne 14 sud.

 

Solscope Mag : Florent Nicolas, vous êtes en charge du prolongement sud de la ligne 14. Quel est votre parcours ? Votre mission ?

 

Florent Nicolas : Ingénieur de formation, j’ai fait l’École nationale des arts et métiers, puis j’ai effectué un deuxième cursus à l’Institut d’administration des entreprises. Après différents postes dans des domaines économiques, j’ai intégré la RATP il y a 10 ans en conduite et assistance de projets, tels que celui du pôle multimodal de Massy-Palaiseau.
Et, depuis 3 ans, je suis en charge du prolongement de la ligne 14 sud pour la partie infrastructures. Je suis arrivé au moment où la Société du Grand Paris a décidé de confier la maîtrise d’ouvrage opérationnelle du projet à la RATP. Mon rôle a donc été d’élaborer la convention de maîtrise d’ouvrage avec la SGP.
J’ai également travaillé durant 3 ans sur le prolongement de la ligne 14 à Mairie-de-Saint-Ouen en
tant que chef de projet des nouvelles gares. J’ai vraiment eu la chance de voir naître ces grands
projets et de pouvoir y participer.
Ce sont des projets qui sont assez rares, et de contribuer aujourd’hui au prolongement de la ligne 14 à
Orly, est une expérience très riche qui vient compléter celle que j’ai pu acquérir lors de ma mission sur
le prolongement nord de la ligne…
Et puis ce n’est pas tous les jours qu’on passe sous une plateforme aéroportuaire (Orly) pour effectuer
des travaux.

 

Solscope Mag : Justement, le prolongement de la ligne 14 s’inscrit dans la gouvernance du GPE. Comment cela s’explique-t-il ?

 

Florent Nicolas : Le prolongement de la ligne 14 sud s’inscrit effectivement dans la gouvernance du
GPE, et pour mieux comprendre le montage, il faut remonter 3 ans en arrière, en 2015. En effet, c’est
à cette date que le projet du prolongement de la ligne 14 sud a été transféré à la RATP qui s’occupe de toute la maîtrise d’ouvrage opérationnelle. C’est nous qui réalisons le suivi des études, le suivi des travaux… Nous sommes responsables du projet concernant le coût, les délais et également la définition du programme en collaboration avec la SGP qui a aussi conservé des prérogatives telles que les relations avec les territoires, le foncier…
Sur ce projet, il y a 2 chefferies : l’une pour le système ferroviaire, c’est-àdire tout le système nécessaire à l’exploitation des trains, et l’autre pour les infrastructures. Moi, je suis en charge de la partie infrastructure, c’est-à-dire la réalisation des gares, y compris le second oeuvre des gares, des ouvrages annexes, des tunnels, du site de maintenance et de remisage qui va être construit derrière la plateforme aéroportuaire d’Orly. Nous sommes aussi accompagnés d’un service d’Elios, qui est un groupement d’entreprises entre Setec TPI, Systra, et 5 cabinets d’architectes (Groupe 6, Jean Paul Viguier, Franklin Azzi Architecture, Brunet Saunier et Valode et Pistre Architecte).

 

Solscope Mag : Vous avez aussi oeuvré à l’étranger ?

 

Florent Nicolas : Oui il y a quelques années j’ai pris un congé sabbatique pour rejoindre Médecins
sans frontières en Afrique. Durant plus de 6 mois, j’ai travaillé au Tchad en tant que responsable
logistique, et, surtout, j’étais en charge des projets de construction, et plus particulièrement de
la reconstruction d’un entrepôt pharmaceutique central qui avait brûlé 6 mois auparavant. Ma mission
était de gérer la logistique d’approvisionnement, de gérer les conducteurs, la flotte de véhicules, les gardiens, le process de sécurité et de sûreté. J’ai beaucoup appris de cette expérience qui, au final, n’est pas si loin de ce que je fais aujourd’hui, même si les structures sont bien plus dimensionnées.

 

Solscope Mag : Quelles sont les qualités requises pour exercer vos fonctions ?

 

Florent Nicolas : Un tel projet demande beaucoup de curiosité, de passion et de persévérance avec un vrai attrait pour le travail d’équipe puisque c’est un assemblage de métiers, de compétences et de disciplines. Nous avons besoin de comprendre les enjeux de chacun pour pouvoir les articuler, les
coordonner, et ce, dans le seul intérêt du projet. Ces grands projets demandent d’avoir une double
vision à long terme afin de projeter le projet dans les étapes futures, et, par ailleurs, une vision opérationnelle et très pragmatique pour pouvoir franchir les étapes en cours. La RATP a ce côté pluridisciplinaire, et c’est ce que j’apprécie.

 

Solscope Mag : Quel est le plus grand défi de ce chantier ?

 

Florent Nicolas : Le premier défi d’un tel projet reste bien entendu la sécurité des personnes. Nous travaillons dans un domaine très aléatoire, à savoir celui du souterrain, et, malgré toutes les expériences et toute l’expertise acquises, il faut continuer à être humble et à faire attention à la maîtrise des risques depuis la phase de conception jusqu’à la phase de réalisation.
L’objectif « zéro accident » est toujours un objectif primordial.
Du fait des nombreuses interfaces (notamment les passages des tunneliers dans la gare Aéroport-d’Orly sous MOA ADP et de la gare de Villejuif-Institut-Gustave-Roussy sous MOA SGP) la coordination reste aussi l’un des grands défis de ces travaux, et je dirais également que le planning, la maîtrise des coûts en font partie. Et puis, nous avons aussi à faire en sorte que la ligne soit au rendez-vous des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 !

 

Solscope Mag : Nous sommes début mai 2018 : où en êtes-vous des travaux ?

 

Florent Nicolas : Nous venons de signer les principaux marchés de génie civil du prolongement sud de la ligne 14, que nous avons lancés en 4 lots principaux. Tous les marchés ont été signés entre février et mars dernier, donc, concrètement, nous sommes à présent dans une phase de préparation, d’étude d’exécution et de mise en place des emprises. Fin juin, les premiers ateliers de parois moulées devraient commencer.

 

Propos recueillis par
Aude Moutarlier