LA TOUR MOHAMMED-VI DE RABAT, UN FUTUR JOYAU DU CONTINENT AFRICAIN - <p>Représentation architecturale du projet.</p>
05/11/2020

LA TOUR MOHAMMED-VI DE RABAT, UN FUTUR JOYAU DU CONTINENT AFRICAIN


Les travaux de fondation en pleine activité.

La tour Mohammed-VI de Rabat, au Maroc, sera construite dans le coeur de la vallée du Bouregreg. Doté de plus de
cinquante étages, l’édifice « tour », d’un diamètre de base de 35 mètres, s’élèvera environ à 250 mètres et sera
garni d’un bâtiment « socle » de deux étages. Une telle configuration nécessite un système de fondations spéciales
apte à supporter cette tour destinée à être la plus haute d’Afrique.

La tour Mohammed-VI constitue l’une des pièces maîtresses du plan d’aménagement de la vallée de Bouregreg, qui permettra à la capitale royale de promouvoir les rives du fleuve Bouregreg.
Le projet offrira des hôtels, des bureaux, des résidences, des commerces, des parkings, et abritera le futur siège officiel de la banque BMCE-Bank of Africa (anciennement Banque marocaine du commerce extérieur).
Pour la partie travaux des fondations, c’est Soletanche Bachy qui a été intégré, dès les débuts du projet, au développement et à la réalisation des fondations de la tour de Rabat.
Le groupe a été choisi pour réaliser les fondations de l’ensemble du programme, en y apportant sa connaissance du tissu économique local, et son expertise technique et logistique internationale.

 

GÉOLOGIE


Le projet est situé géologiquement dans la Meseta côtière du domaine meseto- atlassique du Maroc, caractérisée par des formations récentes par rapport à d’autres régions du royaume, telles que
l’Anti-Atlas ou le Haut Atlas. Les sols sont majoritairement composés de sables, lâches à compacts, parfois vaseux, puis d’une alternance de couches de vases et de sables vaseux pouvant atteindre une
profondeur d’environ 70 m. Au-delà de cette profondeur, on rencontre une couche alluvionnaire d’une dizaine de mètres d’épaisseur. Dans la zone du projet, le niveau de la nappe est environ 1 m sous le niveau de la mer.

 

LES FONDATIONS DE LA TOUR


Les fondations de la tour sont constituées d’une série de 1 700 pieux CFA (Continuous Flight Auger), réalisés à la tarière creuse continue, d’environ 12 m de profondeur, et formant les fondations de l’ouvrage « socle » de 2 étages. Le choix technique s’est porté sur ce type d’assise en raison de sa rapidité et de sa simplicité d’exécution, tout en étant bien adapté aux contraintes liées aux sols vaseux.
Le centre de l’ouvrage est le départ de l’édifice « tour » de 250 m de hauteur.
Un système de fondations composé d’un groupe de 104 barrettes (panneaux unitaires de paroi moulée) a été préconisé pour permettre de supporter la totalité des descentes de charge de la tour. Ces éléments de fondations atypiques, d’une profondeur moyenne de 65 m, sont fermement ancrés dans les sables durs et fins, permettant de maximiser les effets du frottement latéral.
Ces fondations profondes s’arrêtent en limite alluvionnaire afin de favoriser l’effet de pointe, tout en s’affranchissant des effets indésirables de ce type de couche ouverte. Afin de confirmer ce type de fondations, des essais sur cellules Osterberg ont été réalisés en 2017 en les insérant dans les cages
d’armatures de deux barrettes d’essais. Cela a d’ailleurs constitué la première application de ce type d’essai sur le sol marocain, dont les résultats ont permis d’affiner les modèles géologiques, d’optimiser
la sous-structure et de confirmer le type de fondations choisi.

 

UN DEMARRAGE DANS LES STARTING-BLOCKS

 

Le démarrage du chantier fin 2018 s’est fait dans un laps de temps très court puisqu’il a fallu, en l’espace d’un mois, mobiliser une équipe de près de 100 personnes. La coopération interne entre Solsif Maroc, filiale marocaine historique du groupe Soletanche Bachy, et sa division internationale des grands projets, a permis d’apporter l’expertise nécessaire.
Soletanche Bachy a mobilisé un atelier de benne hydraulique pouvant réaliser des éléments de barrette à 70 m de profondeur, ainsi qu’une foreuse équipée d’un kit CFA permettant de forer des pieux de diamètre 600 mm jusqu’à 20 m de profondeur.
Afin de respecter les délais d’exécution ainsi que les exigences techniques et qualitatives du projet, le groupe Soletanche Bachy a su déployer le personnel qualifié adéquat. L’encadrement de l’équipe
sur site a été assuré par un directeur de projet, un adjoint au directeur de projet responsable des travaux de fondations, ainsi qu’un duo d’ingénieur et de conducteur de travaux pour chacune des spécialités (pieux CFA et barrettes).
Lors de l’exécution des travaux, des chefs d’équipes et des chefs de postes ont assuré l’encadrement des collaborateurs sur chantier. L’équipe du projet a bénéficié du support des différentes entités du groupe Soletanche Bachy, telles que le bureau d’études, les experts méthodes et le laboratoire des matériaux.

 

MATÉRIEL


Les parcs matériels de Solsif Maroc et de Soletanche Bachy ont été sollicités afin de doter le chantier des équipements les plus appropriés pour exécuter les travaux, avec notamment deux foreuses CFA pour la technique des pieux CFA, ainsi que 2 grues d’excavation hydraulique et mécanique, et 5 grues de manutention pour la technique des barrettes. Tout cela accompagné d’un jeu diversifié d’outils de forage, de pompes, de dessableurs et de malaxeurs.

 

SINGULARITÉS GÉOLOGIQUES


Nous avons su capitaliser sur les résultats des essais de chargement lors des barrettes d’essais. Néanmoins, plusieurs faits inattendus se sont produits au démarrage de la réalisation des barrettes
en 2019, donnant du fil à retordre à l’équipe en place.

Très vite, l’équipe s’est rendu compte qu’une quantité non négligeable de particules fines se trouvait dans les couches de sables vaseux, rendant les opérations de dessablage chronophages et inefficaces, compte tenu des moyens mobilisés.
Par ailleurs, lors de la réalisation de plusieurs de ces barrettes, des éboulements significatifs et non prévisibles ont été observés, nécessitant des opérations délicates de déséquipement des cages
d’armatures. Des mesures piézométriques complémentaires ont mis en évidence la présence d’une nappe captive en profondeur, confirmée par des écarts systématiques de température entre la
nappe libre et la nappe profonde. La présence de la nappe captive, conjuguée aux mouvements de descente de la benne dans la tranchée, a provoqué un effet de pistonnage qui s’est traduit par un éboulement de la tranchée ouverte à proximité.
Bien qu’exceptionnelles, ces particularités géologiques ont été maîtrisées grâce au support des experts qui constituent l’ADN du groupe Soletanche Bachy.
D’importants moyens supplémentaires ont été dépêchés en quelques semaines, se traduisant par la mobilisation d’une benne mécanique lourde additionnelle et d’un dessableur d’une capacité de
450 m3, habituellement utilisé pour des opérations réalisées avec des ateliers de type Hydrofraise.
Le savoir-faire du groupe a permis d’apporter son lot d’adaptations des méthodes de chantier en introduisant la substitution totale et systématique, afin d’amener les moyens nécessaires à la
réalité du site et de permettre de doubler les cadences de production.

 

CERTIFICATIONS ENVIRONNEMENTALES


Dans le cadre de la démarche Leed/HQE, le chantier a été appelé à respecter des exigences liées à l’environnement, le tri des déchets se faisant à la source et selon leurs types (déchets domestiques, aciers, bois, déchets dangereux). Ces déchets ont été évacués tout au long des travaux par le biais de
filières de recyclage spécifique vers des destinations adaptées pour les accueillir. Une partie de ces déchets a été éliminée, mais une grande partie a été recyclée pour être réutilisée sous une autre
forme. Le chantier a, par ailleurs, considérablement limité sa consommation en termes de ressources en eau et en énergie, en supprimant par exemple l’utilisation de groupes électrogènes au profit
d’une connexion au réseau de la ville, ce point étant essentiel pour l’obtention du certificat Leed Gold.
L’achèvement des travaux des fondations de la tour Mohammed-VI est avant tout exemplaire sur le plan de la sécurité, puisque aucun accident avec arrêt n’a été enregistré durant les 6 mois du chantier. L’excellence opérationnelle, la conduite du changement, et l’implication altruiste de Besix-TGCC
dans la résolution des problèmes rencontrés, ont permis de livrer un ouvrage conforme aux spécifications du marché et de conserver une proximité privilégiée avec le client et ses représentants.
L’ancrage local fort et l’expertise globale du groupe Soletanche Bachy ont été un vecteur important de formation et une opportunité de transfert de connaissances permettant de pérenniser encore
davantage l’offre géotechnique de Soletanche Bachy au Maroc.

 

Mathieu Catonne

Directeur de projet
Soletanche Bachy International
Hamza El Arfaoui
Ingénieur travaux du projet
Solsif Maroc (Soletanche Bachy Morocco)