GRAVIMEP EN QUÊTE DU GAL - <p>Ludovic Buchwald,<br />gérant de Gravimep.</p>
01/11/2018

GRAVIMEP EN QUÊTE DU GAL


Utilisation du gravimètre CG5 de chez Scintrex.
Réunification de deux études à Arras (Pas-de-Calais) – Cartes des anomaliesrésiduelles (les foragespréconisés n’apparaissent pas sur ce document.
Carte de l’anomalie résiduelle sur laquelle figurent les forages préconisés.
Microgravimétrie Lacoste & Romberg.
Maillage gravimétrique.
Recherche de cavités(poches de dissolution)sur une digue.

Depuis deux générations, la société Gravimep, aujourd’hui dirigée par Ludovic Buchwald, traque les cavités souterraines sur un grand tiers nord de la France. Le bureau d’études utilise pour cela la microgravimétrie, seule technique non destructive qui permette d’établir, avec suffisamment de fiabilité, la présence de vides jusqu’à une vingtaine de mètres de profondeur. Discipline récente, la microgravimétrie appliquée en génie civil et travaux publics consiste à mesurer sur site, au moyen d’un microgravimètre, la gravité des sols exprimée en millionième de gal. Les résultats obtenus sont ensuite interprétés afin de déterminer les points et zones
susceptibles de subir effondrements ou affaissements de terrain. Une aide précieuse dans l’optimisation des campagnes de forages exploratoires et la réduction du risque pour les biens et les personnes.

L’histoire de Gravimep se confond presque avec celle de la microgravimétrie. Le créateur de
Gravimep, Waldémar Buchwald en fut, en effet, l’un des pionniers. Dès 1968, en collaboration avec le
Dr Neumann, universitaire et grand spécialiste français de la discipline, le natif du Pas-de-Calais, alors
employé de la Compagnie générale de géophysique, s’investit dans la mise au point sur le terrain de la microgravimétrie en France pour la recherche de cavités souterraines.
Et devint précurseur dans le maniement du tout récent « Lacoste & Romberg », premier gravimètre* capable de prendre la mesure de la gravité avec une précision au millionième de gal. Près de 50 ans après l’apparition du modèle 1, l’appareil est devenu mythique chez les « gravimétriciens» qui ne revendraient pas pour tout l’or du monde leur « Lacoste & Romberg », appareil qui a préservé son principe de fonctionnement, servi au fil du temps par une électronique de plus en plus évoluée, et dont l’efficacité est d’ailleurs toujours avérée. En 1987, Waldémar, qui fête cette année-là son 50e anniversaire, quitte son poste de responsable du département « gravimétrie » qu’il occupait depuis 10 ans au sein de Géoconsult, bureau d’études des sols aujourd’hui disparu, pour voler de ses propres ailes et mettre à profit son expérience. C’est la naissance de Gravimep, en avril 1987.

 

GRAVIMEP : UN SPÉCIALISTE ABSOLU

 

Si elle effectue bien des recherches minière et structurale par gravimétrie, la société est rapidement surtout sollicitée pour la recherche de cavités souterraines (voir encadré ci-dessous) par microgravimétrie. Elle a rapidement fait de cette technique une spécialité. Non sans résultats : Gravimep a réalisé à ce jour près d’un millier d’études de ce type pour le compte de particuliers,
d’entreprises ou de collectivités territoriales. Elle présente ainsi un profil singulier parmi les quelques bureaux d’études proposant cette prestation. « Il y a une dizaine d’entreprises qui pratiquent la microgravimétrie, mais ce n’est le plus souvent pour elles qu’une activité complémentaire. Les “microgravimétriciens” sont peu nombreux et sont généralement intégrés au service de géophysiques de sociétés d’ingénierie, comme pour Fondasol ou Ginger CEBTP », intervient Ludovic Buchwald, qui a hérité de la passion pour la microgravimétrie de son père, Waldémar, à qui, en 2007, il a racheté des parts afin de devenir principal actionnaire et gérant de la société Gravimep.
Une autre manière d’appréhender le « poids » de la spécialité est de dénombrer les appareils de mesure indispensables à sa pratique. Outre les « Lacoste & Romberg », toujours utilisés (Gravimep en possède deux modèles de génération différente), les stations modernes sont surtout louées, sans doute du fait de leur prix d’achat élevé (autour de 120 000 €). Et, seul à en proposer, le loueur rennais Géoreva ne dispose que de 7 unités de microgravimètres, en l’occurrence des appareils de la marque canadienne Scintrex CG5 et CG6. « Le principal apport du CG6, dont nous sommes aussi des utilisateurs, par rapport aux modèles plus anciens, réside dans l’automatisation qui simplifie et accélère le travail de l’opérateur, mais pas dans la précision de la mesure », estime Ludovic Buchwald.

 

DÉTERMINER LE CHAMP GRAVITATIONNEL


La recherche de cavités souterraines par microgravimétrie repose sur l’utilisation d’un principe assez simple : la gravité terrestre varie selon la densité du sol. Il est donc possible, en mesurant le champ gravitationnel d’un sol, d’établir s’il recèle des cavités dès lors que l’on dispose d’un instrument de mesure à haute précision. Sachant qu’il ne s’agit pas là de mesures effectuées dans un environnement de laboratoire, avec un appareillage fixe et des conditions stables, mais de mesures réalisées en extérieur et qui peuvent être altérées par de nombreux facteurs tels que le vent, le froid, voire par la qualité et la concentration du technicien. « Les vibrations engendrées par la circulation de voitures, de camions à proximité affectent grandement les relevés. Mais la pire des perturbations est, sans conteste, celle provenant des vibrations d’un compacteur au travail, dont l’incidence est sensible même à plusieurs kilomètres de distance », prolonge Jean-Gabriel Vidal, ingénieur géophysicien, qui travaille chez Gravimep depuis 7 ans. « Quel que soit le cas de figure, l’expérience est alors primordiale pour s’apercevoir rapidement des éventuelles anomalies et refaire les mesures peu “convaincantes” », poursuit le gérant de Gravimep qui a mené plus de 250 études microgravimétriques et dont la première « campagne » remonte à 1990. De quelque manière que ce soit, si l’on peut « lire »
au microgal près, la précision obtenue in situ est de l’ordre de la dizaine de microgal.

 

MESURES ET INTERPRÉTATION


Concrètement, une campagne de mesures commence par la détermination du périmètre
d’investigation d’après les données cadastrales communiquées par le maître d’ouvrage, le maître d’oeuvre ou les bureaux d’études clients, pour lesquels Gravimep intervient en qualité de sous-traitant. Un maillage (de 4 m x 4 m, par exemple) est alors défini sur Autocad 2D version LT2017, puis reproduit et matérialisé sur la zone d’études, par des piquets représentant chaque point de mesure. Le technicien peut alors procéder à l’enregistrement des données point par point, opération singulière qui ne le mobilise que quelques minutes.
Après cette phase « bottes aux pieds » intervient le travail d’ingénierie, dans les bureaux de Gravimep à Auchy-les-Mines, près de Béthune, dans le département du Pas-de-Calais. Pour l’analyse des mesures, la société dispose d’un logiciel (développé en interne) de calcul et d’exploitation de données gravimétriques, Sysgravi, configuré en particulier pour son domaine de prédilection : la microgravimétrie. La société fournit par ailleurs à ses clients une carte d’interprétation résiduelle qui permet de visualiser les zones et points d’anomalies « qui constituent une suspicion de cavités
souterraines ». Des anomalies qui, mises en évidence, permettront de circonscrire les zones à risque, voire d’effectuer des forages précis.

 

Philippe Morelli