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Environnement

UNE DEUXIÈME VIE POUR LES MATÉRIAUX DE DÉCONSTRUCTION - <p>Stéphane Ciesielski, référent technique en Occitanie et en Afrique pour Fondasol.</p>
20/04/2020

UNE DEUXIÈME VIE POUR LES MATÉRIAUX DE DÉCONSTRUCTION


200 à 250 Mt de déchets de démolition sont générées annuellement en France.

La loi de transition énergétique pour la croissance verte impose dès cette année la valorisation de 70 % des déchets de chantiers. Stéphane Ciesielski, référent technique en Occitanie et en Afrique pour Fondasol, livre son point de vue sur le réemploi de ces 200 à 250 millions de tonnes de déchets produites annuellement en France.

Quelles sont les conditions de réussite d’une opération de valorisation ?

 

Stéphane Ciesielski : Tous les acteurs doivent être parties prenantes dans un projet de déconstruction; le maître d’ouvrage doit notamment être volontaire. Il existe encore un frein psychologique à l’emploi de matériaux recyclés. Les matériaux naturels nobles sont souvent privilégiés dans des constructions classiques, plutôt qu’un béton recyclé, par exemple. Pour optimiser le réemploi des matériaux de construction, il convient de mettre en place un contrôle et une procédure spécifiques. Même si le tri mobilise temps et moyens, le réemploi évite de faire acheminer des matériaux nobles, ce qui peut être intéressant sur le plan environnemental comme financier.

 

Quelles sont les données nécessaires lors d’un projet de démolition ?


S. C. : Les sols et matériaux sont quantifiés et qualifiés selon leurs caractéristiques géotechniques et environnementales, ainsi que leur utilisation future. Tout d’abord, nous caractérisons les gisements sur place pour mettre au point une solution adaptée à chaque cas. Les matériaux de déconstruction doivent être caractérisés chimiquement afin d’éviter les échanges de produits indésirables dans l’environnement, le cas échéant via des dispositions de confinement ou des traitements spécifiques, mais également géotechniquement, en fonction des utilisations envisagées. Pour exemple, des matériaux argileux peuvent être prélevés afin de créer une couche étanche assurant un confinement, ou traités avec des liants hydrauliques pour une utilisation en assise de chaussée. Des éléments de béton ou d’anciennes chaussées peuvent généralement être réintégrés dans les nouvelles structures.

 

Quelles sont les problématiques pour des déblais hors site ?


S. C. : Nous préconisons au maximum le réemploi des déblais in situ. Toutefois, il arrive que les chantiers soient excédentaires et/ou que la réutilisation des matériaux soit inenvisageable au sein du chantier, parce que trop humides, trop secs ou inadaptés aux besoins du projet. Dans ce cas, l’opération doit être anticipée avec le maître d’ouvrage afin d’étudier la possibilité de réemployer ces matériaux sur d’autres chantiers. Notons que lorsque les matériaux quittent le chantier, ils prennent le statut de déchet, et sont donc intégrés aux filières de recyclage. La profession oeuvre ainsi pour que ce statut évolue et que les démarches soient simplifiées pour les terres naturelles.

 

Comment organiser au mieux la déconstruction pour valoriser les déchets ?


S. C. : Il convient de bien préparer la déconstruction en amont et d’identifier certains matériaux indésirables. C’est le cas du bois et des matériaux putrescibles qui se décomposent, et dont le volume diminue au fil du temps : ils peuvent entraîner des tassements et altérer la construction. À l’inverse, d’autres matériaux, tels que le plâtre, peuvent gonfler en réagissant avec l’eau. Le bâti peut alors se soulever. Il est donc nécessaire d’évacuer un maximum de ces matériaux en amont de la démolition. Certaines entreprises de déconstruction sont déjà très sensibilisées à ces problématiques.

 

De quelle manière le réemploi des matériaux peut-il être optimisé grâce à la modélisation ?


S. C. : Il est possible de quantifier le volume de matériaux et de le traduire en métrés précis grâce à des logiciels capables d’intégrer différents levés topographiques et des interpolations entre les entités géotechniques en 3D. Par ailleurs, chaque entreprise possède ses propres données : Fondasol détient ainsi une base riche de plus de 60 années de reconnaissances géotechniques. À l’échelle nationale, le BRGM met également à disposition une base de données bien alimentée.

 

Claire Janis-Mazarguil


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