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France

LE VIADUC DE L'ALLIER SE FONDE EN EAUX PROPRES - <p>© Joël Damase</p>
16/07/2021

LE VIADUC DE L'ALLIER SE FONDE EN EAUX PROPRES


Ancrage de pieux dans la rivière à Toulon-sur-Allier sur lesquels reposera l’une des piles du viaduc de 416 mètres
construit dans le cadre du passage à 2x2 voies de la RN79. Le projet, mené par la société Aliae (groupe Eiffage),
porte sur le doublement des voies et la mise aux standards autoroutiers de la RN79 entre Sazeret et Digoin. Dans ce
cadre, une estacade métallique a été mise en place par ETMF Eiffage au milieu de l’Allier pour permettre le forage par Botte Fondations, filiale de Vinci Construction France, de quatre pieux de diamètre 1 800 millimètres et 31,55 mètres de longueur en tubé définitif, avec des cages d’armatures de plus de 22 tonnes. Des travaux d’ailleurs réalisés dans le souci de protection d’une zone classée Natura 2000 de la réserve naturelle du val d’Allier dans laquelle ils s’inscrivent.

La RN79, dénommée « Route Centre Europe Atlantique » (RCEA), est un axe majeur tant localement qu’à l’échelle européenne. Elle assure en effet, à l’échelon local, la liaison entre les communes du département de l’Allier. À l’échelle régionale, elle demeure le principal axe transversal de la traversée du département. Enfin, aux niveaux national et international, la RN79 constitue l’une des grandes liaisons transversales Est-Ouest depuis Royan vers le sillon rhodanien, et au-delà vers l’Allemagne, la Suisse et l’Italie. Elle draine ainsi un trafic compris entre 10 et 1 000 véhicules par jour, selon les sections dans le département de l’Allier. Ces différents usages sont à l’origine de fortes perturbations de trafic qui font de la RN79 une route particulièrement accidentogène. Partant, le projet de mise à 2x2 voies aux normes autoroutières a été déclaré d’utilité publique par décret ministériel en date du 22 avril 2017.


A79 : 88 KILOMÈTRES D’UNE NOUVELLE AUTOROUTE À 2X2 VOIES


Depuis la commune de Sazeret, à l’ouest, jusqu’à celle de Digoin, à l’est, 88 km de la RN79 passeront progressivement de 2×1 voie à 2×2 voies. Ce chantier de grande envergure mobilisera au plus fort de son activité plus de 1 300 personnes, et une multitude de métiers. La traversée du val d’Allier et le
noeud avec la RN7 seront un secteur de concentration des adaptations du tracé existant avec des nouveaux viaducs pour l’Allier et le Rio de Bessay, une mise hors d’eau de l’infrastructure et une transparence hydraulique grâce à des ouvrages spécifiques pour faire face au risque de crue centennale de l’Allier.

 

UN VIADUC DE 416 MÈTRES ANCRÉ DANS LE LIT DE L’ALLIER


La nouvelle section autoroutière est divisée en 4 tronçons, dont le Toarc B, au sud de Moulins, intègre un grand nombre d’ouvrages, dont les viaducs de l’Allier et du Rio de Bessay. C’est également à cet endroit que sont concentrés les travaux de fondations les plus importants.
En particulier le viaduc de l’Allier, long de 416 m, prend appui sur 2 culées et 7 piles, dont l’une est implantée au milieu de la rivière. Pour fonder l’ouvrage, des pieux de larges diamètres mais en nombre limité ont été préférés à des pieux moins importants mais plus nombreux. Concrètement, Botte Fondations, en charge de ces travaux sur le Toarc B, a foré unitairement 4 pieux de 1 500 mm de diamètre pour les culées C0 et C8 et 4 autres pieux de 1 800 mm de diamètre pour les piles P1 à P7. La réalisation des pieux d’appuis et de la pile elle-même a nécessité la construction par ETMF Eiffage d’une estacade métallique autorisant l’accès des hommes et engins au milieu du cours d’eau.

 

LES PIEUX RECORDS DE LA PILE P7


La technique de forage des pieux de la pile P7 est singulière. Si, comme pour les autres piles de l’ouvrage, elle utilise le vibro-fonçage préliminaire de tubes métalliques à travers l’horizon sablonneux
jusqu’à atteindre le substratum marneux ; mais ici, le tubage est définitif alors qu’ailleurs les tubes sont retirés au moyen d’une pince vibrante, une fois le pieux ferraillé et le béton arrivé à la maturité nécessaire. Les 4 pieux de la pile P7 sont aussi ancrés le plus profondément puisque leur longueur atteint 31,55 m pour se ficher dans le substratum marneux. « Comme la culée C8, la pile P7 est implantée en pleine zone de captage des eaux, ce qui nous a obligés à progresser avec précaution, et à mettre en place des moyens supplémentaires afin d’éviter toute pollution du milieu », explique Sam Leymarie, conducteur travaux de Botte Fondations, qui a mené l’opération.


DES CAGES D’ARMATURES DE 22 TONNES


Les pieux de la pile P7 bénéficient également d’un ferraillage renforcé. Les concepteurs de l’ouvrage ont en effet considéré que les pieux auraient quasiment le fonctionnement mécanique d’une pile étant donné la continuité constructive entre la pile et les pieux en l’absence de semelle intermédiaire, solution aujourd’hui très souvent utilisée dans le cas d’ouvrages d’art autoroutiers. Parallèlement, un
renforcement des pieux était nécessaire par la prise en compte de leur affouillement à long terme du fait de l’enlèvement des sédiments par le courant de la rivière. Résultat, les cages d’armatures assemblées au sol sont composées de fers HA 40, en toute hauteur, présentant un recouvrement alterné d’une hauteur de 6 m. Chacune des cages affiche ainsi un poids supérieur à 22 t.
Leur mise en place a nécessité l’emploi d’un engin de levage de 160 t de capacité, doté d’une flèche de 40 m, rendu disponible par l’achèvement des travaux maritimes (voir encadré « Les engins mis en oeuvre »).

 

INTERVENIR DANS UN ENVIRONNEMENT « SENSIBLE »


Autre difficulté : la construction des pieux de la pile P7 s’inscrit, on l’a vu, dans une zone de captage des eaux, ce qui a impliqué la mise en place d’un dispositif de prévention des pollutions, notamment en phase de bétonnage.
Des mesures d’autant plus obligatoires que les têtes de pieux doivent être formées de béton sain à l’aide d’un recépage par débordement. Afin d’éviter tout écoulement de laitance et de fine, les 4 pieux en rivière ont ainsi été intégralement entourés d’un bac (recouvert de grilles pour autoriser la circulation des ouvriers). Une fois le pieu bétonné, le bac a été évacué de la zone afin d’être vidé dans une benne étanche. Cette benne était ensuite nettoyée à la centrale à béton du chantier.
Parallèlement, plusieurs dispositions devaient protéger l’Allier, l’une des dernières grandes rivières sauvages d’Europe de l’Ouest, de pollutions d’autres origines. Botte Fondations a ainsi opté
pour une estacade métallique à plaques étanches, mise en place avec un dévers afin que sa gouttière récupère les pertes de matériaux. Des kits antipollution ont été disposés à plusieurs endroits du chantier de façon à intervenir rapidement en cas de rupture de flexible hydraulique, ou encore le stockage des hydrocarbures a été éloigné de 200 m afin de ne prendre aucun risque lors du plein des engins.
Enfin, un plan de procédure d’hydrocurage a été convenu avec des entreprises locales et un boudin de cantonnement de la pollution a été immergé en aval de l’estacade. Les pieux de la pile P7 ne sont pas les seuls à avoir fait l’objet d’une attention environnementale particulière : les pieux des autres piles du
viaduc de l’Allier ont été mis en oeuvre dans une zone classée Natura 2000.
Le chantier mené par Botte Fondations a par ailleurs respecté les 10 critères du label Attitude Environnement, l’écoengagement de Vinci Construction France pour son bâtir de manière responsable.

 

Philippe Morelli


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